•   l'homme de rien promène son chien, lequel de rien promène son homme. ils vont nature prenante. on ne les prend pas en photo: la photo ça rend double

     

     

      peut-être quelqu'un est-il venu me serrer la main. peut-être quelqu'un m'a t-il reconnu, par conséquent connu, ou alors m'aura t-il pris pour un autre - l'un n'excluant pas l'autre. peut-être quelqu'un m'a t-il réellement reconnu comme un autre tandis que je n'étais que moi, pour ainsi dire. je lui ai donc tendu la main d'un autre, pour faire court. donc la sienne propre, pour faire encore plus court

     

     

      un homme un chien donc se promènent, soleil voilé, et bon enfant. ni ombre ni lumière les choses s'imbriquent d'une certaine façon d'une autre elles disjonctent - on ne définira jamais leur rôle exact dans la partition universelle. dire qu'il reste un espoir ne remplacera pas la mère

     

     

      j'abrite un champ battu - par les vents, ou quelque chose de plus. de la précision dans le détail nous titillerait le testicule. on s'en fout si on est ci, si on est ça, on s'en fout si on s'en fout, dieu resplendit hors tout espoir. hors tout espoir de dieu non plus. non plus

     

     

      je navigue à vue d'œil. ce pourrait être pire, sans œil du tout notamment. un chien, un homme. lequel des deux est l'un lequel des deux est l'autre. celui en forme de chien probablement fait le chien. l'autre fait l'homme apparemment. la question n'est pas tranchée. qui tranche le lien du chien
      et de l'homme?

     


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  •   les hommes s'entraînent mutuellement dans la mort, c'est quelque chose auquel ils
      ne peuvent résister. ils rebondissent comme ils peuvent sur ce qu'ils trouvent de mou, de dur ou d'immoral.
      tu ne peux pas t'imaginer à quel point je suis froid en dedans et cassé. un gouffre froid

     

     

      notre fraternité chérie, c'est pas les walkyries.
      je cherche un chien - à dire vrai j'attends qu'un chien me déniche, égal sans fortune
      j'ai peur de me réveiller le matin. une fois réveillé, la peur s'accroît encore on sait pas où elle veut en venir

     

     

      un petit chien mazout, un petit os à boire - je suis vraiment navré de t'avoir déçue je ne recommencerai pas. je ne recommencerai plus. je démentirai toute confiance qu'on voudrait à priori m'accorder.
      je fumerai par les narines, je pleurerai par les racines...

     

     

      je jette des cailloux dans la mare. par principe soi-disant, ou par simple désœuvrement. je crois n'avoir fait ni ne pouvoir mieux faire que de jeter des cailloux dans la mare, si ce n'est par principe, au moins par désœuvrement

     

     

      affabule et moi. nous sortons le tison de nos propres entrailles, ayant remué remué, attisé attisé. à l'heure de rendre son âme que rendrons-nous donc. cette heure comme à toute heure, et toute heure ne rende rien

     

     

      il fait si froid dehors. on se croirait tout en-dedans...

     

     

    à part une maison vide


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  •   ose et reviens. touche-toi le sexe apparemment, pour ne pas tomber et te dissoudre dans le néant-néant. accroche-toi à la barre, crache sur la pluie. elle te le doit bien ça, la pluie.

     

     

      j'ai lumineusement ôté mes pompes. alors j'ai pu m'étendre et de ce fait un lit me fut conté. un sombre paillasse. j'ai du pleurer toute la nuit. et tout le reste de la nuit aussi, j'ai du pleurer.

     

     

      tu ne dis quasi rien. juste tu répètes après moi. par exemple que tu as noyé la cour de récréation. que tu t'es immolé par le feu mais le feu ne prenait pas. allumette mouillée ou je ne sais quoi. immolé par un feu mouillé.

     

     

      creuse un trou. heure après heure, âge après âge, creuser un trou. toujours le même trou. creuser toujours le même trou - son trou. ce doit être du sable ou du vent, car de trou ne s'ouvre toujours pas. ni sur rien.

     

     

      il faudra prendre de la hauteur. monter sur une chaise. peut-être même battre des ailes si seulement on avait des ailes. s'enrouler une corde autour du cou. ou descendre reprendre un bout de tarte. ça revient un peu au même. un peu oui, mais pas trop.

     

     

      sinon il vaque à pas grand chose. à ces petits rien qui s'amoncellent dans un coin de sa vie. mise au coin de sa vie. "sa vie", ça sonne bien. c'est pourtant d'un autre son qu'il s'agit, résonnant étrangement quelque part de dans les murs ou sous le lit. du moins sous le lit, je crois.

     


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  •   je suis ma conscience signifie que la conscience est l'être su je, et qu' hors la conscience le je n'est plus concerné, n'étant plus celui qui est, ou ce qui est n'étant point je. et c'est très grave.

     

     

      le temps est long par définition, et je ne rentre pas chez moi. on fait tout ce qu'on peut mais l'éternité ne semble pas décidée à s'investir toute dans le temps, court par définition.

     

     

      il neige et là c'est tout carbone. je rentre, je rentre, je rentre tout le temps or je ne m'y reconnais pas ceci n'est pas chez moi - ceci est le cercle-même de mon exil forcé; ceci est mon dehors intime; mon intrusion dans l'expulsion.

     

     

      on appelle ça mourir mais il faut dire "résorbé en dieu" - ça fait plus propre. au bénéfice du doute, quelqu'un s'en fout. quelqu'un s'en fout de toute façon.

     

     

      laisser cela cheveux par terre, tomber. ta vie est presque moche, ton petit soupir en coin. alors ne viens pas dire: ceci ceci, cela cela. non, ne viens pas dire si c'est pas dire pour rien; ou ne rien dire.

     

     

      mon cheval a sommeil. sans doute n'a t-il jamais su lire dans les étoiles; ou même tout court. mon cheval ne sait pas lire, ni dans les lignes de la main; entre les lignes tout court.

     

     

    ces féroces soldats


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  •   tel un veuf. tu viens de dire que tu ne recommenceras pas. d'après toi les gens se changent en grues, debout sur une seule patte. matent le vide

     

     

      ce qui est sans dehors, sans dedans, s'est emparé de moi. me pousse, me tire-larigot. a pris possession de mon âme. mon âme sans dehors, sans dedans

     

     

      il faut qu'un homme dise "assez", et tous de cesser. il faut qu'un homme dise "allez", et que tous s'en aillent. il faut qu'un homme dise "je suis vous", et tous alors le mangent

     

     

      une seule porte d'ouverte. toutes les autres sont des murs manquants, des porteurs d'abîmes. une seule porte d'ouverte et je reste devant elle, figé d'avance

     

     

      aller contre le vent. la difficulté amplement compensée par la vivifiante panique d'une solitude à toute épreuve. on s'embrasse quand même, à divers endroits du visage ou du corps

     

     

      ce qui n'est pas nécessaire me saoule. ce qui est nécessaire m'exaspère. la corde raide traîne à terre. je la ramasse, elle ma rattrape...

     

     

      avant le terme je saute du train. je suis ainsi sûr de progresser sans fin. mais je ne vais pas refaire le coup. non, cette fois je ne referai pas le coup

     


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  •   et les abandonnés s'abandonnèrent eux-mêmes - ils n'auront pas de refuge...

     

     

      "tout est à vous", et quand le pont s'écroule. c'est soi qui tombe en miettes à la première occasion - baiser volé, source de friction

     

     

      la porte-à-côté ne ferme pas à clef. d'ailleurs je n'en garde la clef. la porte-à-côté quelque part se dérobe

     

     

      rien de plus débile qu'un destin, n'importe quel destin. y échapper écartera les doigts - ce qui en glissera en glissera d'autant

     

     

      sun dedans. un astre malgré tout demeure, indéfectible. un fond inamovible. qu'un vent levé dès lors ne retombe...

     

     

      on ne rentre donc pas à pied. tout cela s'effectue dans la plus troublante immobilité. on appelle au secours - il faut bien qu'on appelle au secours - mais le secours s'est fait la malle

     

     

      où va le poids perdu? qui charge t-il, qui va t-il retenir? personne n'oublie l'adieu: seulement de disparaître...

     

     

      en concordance des temps, en (gentille) concordance des temps. s'asseoir dessus.

     

     

    sidéral golgotha

     

     

      


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  •   je me couche, mentalement parlant.
      un genre de soleil alors
      peut-être se dressera en moi nœud de ronces
      ou une bouche étroite en laquelle le vent
      aura déchaussé toute dent...

     

     

      je ne me réveille pas
      plus tard qu'hier.
      le sommeil me gagne
      du terrain.
      je reviendrai par ci
      ou par là.

     

     

      je t'embrasse sur la bouche, dommage
      que tu n'aies pas de bouche.
      je te pisse dans le trou, dommage
      que tu n'aies pas de trou non plus.
      tu prends ton panier, ton joli petit panier - dommage
      que je t'accompagne pas

     

     

      où est le plus pauvre, le plus pauvre
      que l'on partage d'un trait.
      les pépins sont à moi, la pomme tu la prends
      - et les épluchures, qu'allons donc nous faire
      des épluchures?

     

     

      j'ai mis les pieds à geler, mon cœur s'est endurci.
      deux convulsions à la minute, de quoi le temps
      nous expulse t-il? comme si nous étions irredressables
      de méchants enfants

     

     

      combien de fois ai-je dit adieu, combien d'adieux
      m'ont-ils laissé là vide et essoufflé, sur le trottoir glissant?
      je ne sais plus de quoi je suis la forme, de quelle cale
      je touche le fond

     


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  •   solides balançoires, légères balancelles
      ne se
      balancent plus.
      par en-dedans s'ouvre
      une tombe, un béant précipice
      on se penche et on y pisse

     

     

      on ne se mange pas
      entre amis, entre femmes assises, filles d'un jour ou d'une nuit.
      quelqu'un cède enfin
      la place à l'infini mourant, l'éternel
      résurgent
      - bref sauve la mise

     

     

      petit homme malingre, en arrière plan.
      sur le devant d'la scène: rien
      qu'un faible
      gémissement

     

     

      je n'ai plus grand chose à voir avec tout ça. je suis le corps et l'âme d'un suicide
      bien plus vaste que moi, l'interprétation d'un sol foireux.
      s'amoncelle le sable dans ma bouche
      et tout entier je crisse

     

     

      sur quel pied danser. non, même pas danser, seulement s'appuyer,
      rebondir sur autre chose
      qu'un incommensurable vide -
      parce que le vide il est comme ça: proprement
      incommensurable

     

     

      oui qu'on m'apporte de l'eau:
      sale, je la purifierai
      propre, je la souillerai.
      qu'on m'apporte de l'eau, dis-je
      et qu'on ne s'avise pas de demander si c'est pour la soif
      - moi n'aura plus jamais soif!

     

     

    un monde à l'agonie


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