•   je m'arrache la cervelle, rien que ça
      parce qu'il reste en moi et malgré tout - ce qui fait beaucoup et même pratiquement tout - quelque chose d'indécemment pur, quelque chose
      auquel je n'ai pas renoncé, que je n'ai pas renié, autant chante le coq, le coq mauvais
      tranche le cou du coq et rappelle-toi. rappelle-toi à toi qui d'autres fois ou d'entre là, l'inaliénable en soi
      être un homme c'est être un peu plus qu'un homme, parce que toujours plus profond qu'un homme, où perdre pied

     

     

      un chien à mon chevet
      ou une chienne - non, personne à mon chevet
      pas même un chien, une chienne, paire de couilles ou conférence gesticulée de mamelles, pas de lune, l'anus étoilé d'une fée, la braguette magique
      à mon chevet non, la mort à mon chevet non, une brosse à dents pour qui n'a plus les dents
      ni la rage de mordre
      ni la pomme

     

     

      le poème ne s'accorde à aucun autre. il n'a plus de poème. il n'y a que
      la corde au cou du vent, le balancement des hanches, le sens de la désorientation
      cette façon de n'avoir jamais eu lieu, de décompter le nombre
      de sauter à pieds joints et de tout son poids sur soi-même alors qu'il en reste si peu
      si peu et si peu
      tellement peu que cela suffit tout juste à
      ébranler le néant

     

     

      un chien m'a mordu la jambe droite - je sais, je parle beaucoup trop de chien
      un chien s'est branlé sur ma jambe gauche je sais ici les chiens n'existent pas, seulement les clebs ou les toutous, ce qui n'a rien à voir
      j'ai été chien et donc un chien subsiste en moi, comme l'os ou la moelle de mon humanité
      le chien, le christ ou le pendu font l'homme en moi, l'homme qu'ils révèlent en moi, le no safe sex
      la façon dont on enlève un jouet à un petit en distrayant son attention - ça marche en apparence mais la réalité creuse son trou, de plus en plus large et profond
      c'est ce trou enfin parvenu à maturité pour m'engouffrer tout entier tellement putain, tellement putain je l'ai arrosé
      et creusé sans pardon

     

     


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  •   la mort abolit toute faute. à l'homme qui meurt nous pardonnons tout: un mort ne saurait être coupable - la mort lave de tout
      un homme mort est l'homme à l'état pur, extrait des circonstances, des déterminations. la mort absout et pleurer un mort c'est recourir à notre humanité profonde, retrouver le sens inné de notre dignité
      on ne triche pas avec la mort car la mort ne triche pas. les morts
      ne trichent plus

     

     

      je ne suis pas laid je suis une tombe, source d'un vide immense, incomblable
      j'ai peur de tous ceux qui ne sont pas moi, j'ai peur de tous les morts, j'ai peur de moi mort, j'ai peur
      alors j'éparpille mes cendres, je me broie les os, je m'éjacule dans l'œil - avec mes souffrances d'homme, je me regarde de l'au-delà, désemparé
      je n'ai jamais su être mon propre ami

     

     

      les petites âmes ont été terrorisées, celles-là même qui donnent sans réfléchir
      les mendiants sur leurs courtes pattes, de leurs moignons et ayant la décence de ne
      pas demander pardon, et de haïr sans haine comme savent les victimes
      je m'approche de toi et tu ne me reconnais pas - c'est à cela que je sais être moi, et toi dans ma douleur

     

     

      les hommes ne font qu'un avec moi, mais non leurs femmes
      leurs femmes ne m'aiment pas. elles ne me sentent pas, devinant mes inclinations régressives lunatiques
      les hommes ne sont que la sueur suintant de leurs aisselles, elles ont peur de ceux qui comme moi
      déjouent leurs petites combines, percent leur pénible petit secret, les
      démettent de leur féminité jusqu'au dernier grain de beauté, jusqu'à les réduire à leur intransigeante
      humanité. il n'y a d'amour que l'amour, même si franchement le ciel s'en branle
      drôle de véhicule

     

     

    KARAVAN


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  •   je n'sais pas comment dire alors je ne dis pas. je dis que je ne dis pas, ni comment dire. donc je me tais
      je dis que je me tais. mais je tais que je n'dis pas, ne dis pas que je dis que je me tais. ne me tais pas
      ni ne dis. rappelle-moi mon nom s'il te plait. lolek. je m'appelle lolek. c'est un pseudo. le pseudo de qui ne s'appelle pas
      . sans déconner

     

     

      mon chemin c'est une corde et je glisse la tête dedans, comme on glisse un sexe dans un rond et qu'on finit par dire non merci, je n'en veux plus
      dépatouille-toi avec ton chemin
      on peut toujours dévier, se faufiler sous le tableau des departures, se défiler. on peut toujours tomber avant
      d'arriver quelque part, d'obtenir quelque chose
      non. on ne peut rien

     

     

      dieu sans sa miséricorde : pathétique. il se fait chier. ne lui reste plus qu'à tout casser
      ben elle ou lui c'est pareil sans la déréliction : déconfine au petit trot, les interjections virales, vols à l'international, la
      déchéance d'humanité. s'en bat les couilles. elle ou lui c'est pas grave
      ils se ressemblent tellement au fond qu'on finit par
      ne même plus les confondre

     

     

      qui de moi n'a pas dit l'heure ? qui de moi issu d'un fond de sac n'a pas troublé ni su doublé
      l'apparence ? et surgit à la seule idée d'un baiser s'empalant sur l'arête
      la queue plongée dans l'eau gelée du trac, ou encore le supplice hilarant du
      tape-cul ?

     

     


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  •   c'est là qu'il faut entrer, en territoire neutre, littéralement miné
      on s'entend plus parler, moi et ma voix se chevauchant, se contredisant, se court-circuitant
      on s'appelle à voix douce on s'appelle en sourdine et schlak, on se mord l'œil
      on bave dedans

     

     

      toutes les choses qu'on enfonce dans le corps et particulièrement dans les parties les plus sensibles de ce corps, et auxquelles le corps
      n'oppose pas de résistance, qu'il ne peut non plus
      digérer, assimiler ni même rejeter, ravaler, extirper
      - tout cela finira par mal finir, c'est évident

     

     

      je ne suis pas l'être que je fus : celui-là, je l'ai dégommé au chamboule-tout
      il en a eu marre de frotter son sexe contre le crépi du mur - il ne lui en restait plus grand chose, qu'un minuscule appât, qu'il a fallu achever à coups de fourche
      tant sa bulle était belle que manque de bol, elle éclata

     

     

      je me suis pas rogné les pouces et tout ça pour accoucher là sur le bas-côté de la route
      d'un mulot à moitié crevé, et d'où me lamenter, pourrir sur pied je me suis pas
      farci tout ce temps-là, et cette côte, ce mort-vivant pour un mulot crevé pour un
      putain d'mulot

     

     

      tout ce qu'on se cache les uns aux autres, les arbres la forêt, les bleus de frousse
      tout ce qu'on se cache à soi-même, hop sous le bras, la sueur sous le bras, le rassis sous le bras
      tout ce que la mort nous cache, et myriam sous sa robe à yussef, morpion vivace
      en mode ni vu ni connu
      comme si de rien n'était
      tout ça là tout à coup mis sur la table, la honte insurmontable, la honte sur la table, d'la franche volaille
      donne-moi ton âme je suis seul ton violeur

     

     

    sa culotte à l'envers


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  •   ils crient la bête
      se bouffent une pelle
      rameutent la horde
      et ça s'endort sur un coussin, en boule avec un trou dedans, trou dedans

     

     

      les chiens mourront et ceux d'entre les chiens. on va tous
      s'abandonner les uns les autres, c'est plus pratique comme ça - enfin, plus pratique peut-être pas, mais au moins on respirera
      on n'aura rien, mais au moins on
      respirera

     

     

      prendre à témoin la garde arrière. je ne me fais plus de souci - la garde arrière
      est décimée. je ne me fais plus de souci. la garde avant pareil: décimée
      ignorant d'une part la provenance, de l'autre la finalité, comprendrons-nous enfin présentement
      pourquoi l'on boit

     

     

      allez tu vas dire quoi ? tu vas dire qu'on t'as trouvé là dans la rue, qu'on t'a traîné jusqu'à la mer, en bout de rade, et qu'on t'y a largué ?
      entre soi et la mort il y a toute l'épaisseur d'une conscience, mince feuille d'ocb, de riz-la-croix ou de mur de berlin
      on a la mort qu'on peut...

     

     

      maintenant je suis femelle, j'abrite un chat perdu. si tu me lèches les doigts je te caresse la nuque
      maintenant je déchois et tout un peuple déchois avec moi. ce n'est pas ma faute j'avais le dos tourné, je prenais ton orgasme sur le pouce
      maintenant je retourne loin devant. sans parachute, sans maquillage. je me fais les dents sur tes os, ta peau,
      ton repoussoir en forme de désespoir

     

     


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  •   il y a un masque sous lequel j'écoute une radio et cette radio me dit: tu es la mort, chéri

     

     

      retourner en enfance c'est pas comme retourner à la terre. et retourner à dieu semble encore plus compliqué: il faut en effet d'abord fumer, beaucoup beaucoup fumer...

     

     

      la pluie c'est quand il pleut. le reste du temps
      urine sur mes soucis.
      un peu de morgue aussi, pour affronter l'néant, quoique filant droit sous la baguette
      de la très pom-pom girl

     

     

      aplatir. je meurs pour ne pas mentir. pour ne pas me réduire
      à la contrefaçon d'être, sous fausse identité avec
      des boutons sur les fesses, du rouge
      aux lèvres de la fosse. sinon je tombe debout, sexe aux abois, l'infecte raide

     

     

      pris en flagrant délit la main
      enfouie dans l'poche, la poche dans l'infra, le ciel au fond d'un mort dis-moi comment tu dis ça le mort
      au fond de soi et toi tu me parles de ciel ? un néant sans qualité
      me rassurerait plus, au moins mettrait un terme à l'harassante
      question de soi

     

     

      il est né de travers, il suce son pouce, et son pouce l'empoisonne - le délétère !
      amnésique d'expression, il pêche une rivière de retard, et se fait seppuku au cul d'un poisson vide - bref,
      il n'a pas pris une ride, ce cancre-là...

     

     

      je suis en accent sourd, en accent contre la mort, et j'écoute.
      en rang par un, tout un décolle, tout un se rompt. ça m'amuse pas
      est-ce que ça m'amuse ? non, ça m'amuse pas

     

     

    c'est le visage que l'on touche


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  •   comme depuis des années j'écoute les deux-trois mêmes CDs, les mélodies s'en sont gravées jusqu'en la moindre cellule du cerveau de mon chat. et sans doute ainsi, d'une certaine manière, continueront-elles à résonner dans la terre où le dit-cerveau se sera décomposé, au fond de mon terrain
      plus besoin alors de mettre les CDs et ça tombe bien, vu qu'on m'aura d'ici là définitivement
      coupé l'courant

     

     

      dieu est plus grand que la mort évidemment puisque telle est sa définition, sa seule justification en dernière analyse. il y a toutefois plus grand que dieu encore, et de plus profond que le cœur, et auquel on ne saurait conséquemment donner de nom
      je l'appelle petit mouchoir de poche et je me mouche dedans. je l'appelle femme qui n'est déjà plus si jeune et j'éjacule dedans

     

     

      abuse de ma confiance la confiance est faite pour ça, on va tout de même pas marchander même les rats ne s'abaissent pas à ça, et les rats ça m'connait ils me peignent ils me brossent, ils m'épouillent, soignent ma dépouille et m'exhibent alors que j'aurais tant voulu garder pour moi cette nudité, couvrir ma nudité, me couvrir de nudité mais non, même la nudité se marchande, et qu'y a t-il donc et d'autre à marchander au fond que la très chaste nudité ?
      homme-la-pute, cheval-de-Troie et Val-de-Marne - je rentrerais chez moi si chez moi m'attendait...

     

     

      ma croûte levait mais ma mie moisissait. cache-misère de notre dignité, trompe-l'œil de notre contemporanéité - dame-pipi des retards de paiements, j'avance mon ch'val, la raie sur le côté, je m'coupe la frange
      tu constates sur les photos que j'ai le crâne parfaitement rasé, or mon apparence cessa d'être physique lorsque mon essence rompit
      d'avec la métaphysique...

     

     

      j'ai filé ma monnaie à un type que je ne connaissais pas. sans raison puisqu'il n'y a pas de justification raisonnable au fait de donner. ou parce qu'il n'y a pas de raison raisonnable non plus à ne pas donner, et que j'ai simplement satisfait à une demande des plus modestes
      je justifie cependant à posteriori mon geste par l'injustifiable: rien ne me semble moralement plus pur que la mendicité. donner, c'est tenter désespérément de se faire pardonner l'exaction de posséder. de plus, esthétiquement parlant, rien ne surpasse l'éclat vif-gris du parasitisme social, cru révélateur de notre in-
      humaine condition
      mais tout ça c'est des histoires - et il faut bien qu'on s'en raconte des histoires, que l'on dorme au chaud de notre mauvaise conscience ou que l'on
      se gèle le gland

     

     


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  •   aménagement de peine ou de douleur, tu feras pudiquement semblant
      de regarder ailleurs quand un voile soulevé
      sur les causes et les raisons signifiera la mort, ou les trous dans la bouche - disons la dentition
      pour préciser l'image

     

     

      non, je ne distribuerai plus
      de bonbons aux enfants, de chocolats aux vieillards, de doigts aux amoureuses transies de m'avoir oublié, obnubilé que je fus par
      ma propre absence et d'où cette manie
      de parler de moi-même au passé comme si le passé désignait le seul regard possible sur le présent, ce pavé lancé dans l'océan que veux-tu que j'te dise ma mare
      se sentait à l'étroit, diminuée d'une pluie...

     

     

      j'achète un sou. je fais un trou dedans
      je pourrais tout aussi bien prétendre enfoncer une bille, agate ou œil de bœuf, dans l'anus de mon amante - même si diffèrent les références, le sens
      reste fidèle à mon profond, puisque c'est ainsi qu'il est d'usage de le qualifier, désarroi
      j'aurais pu également évoquer le cerf-volant, mais me manquaient le ciel
      et la vision béate

     

     

      mort de la route. et mort de l'arrêt. ce qui fait deux fois mort, ou doublement mort
      deux mort en un peut-être, et voir de quel côté fuit son regard
      des pâquerettes pour supporter tout ça et la dérive nuageuse, je crains que cela ne suffise - l'option décapsuleur de mon faux couteau suisse
      s'avère infiniment précieuse

     

     

      rien ne bouge. un temps pourri
      achève la désagrégation, ou tout au moins ébranle notre foi, si tant est qu'il reste
      quoi que ce soit à ébranler de ce côté-là
      car un seul dieu, écume du néant, peut encore tirer de cet informe tas, de cette fétide imposture: un œil, rien qu'
      un œil, perplexe en lutte

     

     

    l'option décapsuleur


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